Si la littérature devient passion, c’est bien que tout est dans les livres !

Kérozène ⇜ Adeline Dieudonné

LES CINQ PREMIÈRES LIGNES, prometteuses c’est vrai. “23h12. Une station-service le long de l'autoroute, une nuit d’été. Si on compte le cheval mais qu’on exclut le cadavre, quatorze personnes sont présentes à cette heure précise.”
EN DEUX MOTS. Un feu follet.
Sorti en 2021 aux Editions Iconoclaste. Roman (en principe). 214 pages. Puis dans la collection Proche en 2022. 202 pages.

Voilà combien de jours, voilà combien temps (non, ça c'est Barbara) qu’un livre m’est tombé des mains ? Combien, je ne sais pas, mais en tout cas longtemps. Dommage que ça tombe sur Adeline Dieudonné, cette jeune écrivaine belge dont j’avais bien aimé La vraie vie, premier roman (2018) multi primé en tant que tel, quand même ! J’ai essayé de garder Kérozène dans les mains, de me persuader que ce kérosène-là ne pourrait pas me brûler les doigts, qu’il resterait dans le jerricane de la couverture et dans la station-service, la preuve : il ne s'écrit pas avec un “s” mais avec un “z” pour nous prouver que c’était pour rire (et frémir !). En vain. J’avais le jerricane dans un coin du cerveau, j’avais peur qu’on l’ouvre.


Alors je me suis rabattue sur les personnages. Chelly, Victoire, Loïc, Alika, Sébastien, Olivier, Monica… Une apothéose ! Les uns après les autres, je les ai regardés, écoutés agir. Et suis tombée de Charybde en Scylla. En se succédant les personnages – femmes et hommes confondus –, comme tirés du chapeau, se montrent de plus en plus cyniques, violents, incernables, pervers, comme si le thème du livre était un concours de bassesse et d’antipathie entre eux et devant nous. Qu’ils soient rassurés, ils nous le sont tous, antipathiques. Aucun(e) pour racheter l’autre. Sans liens entre eux, sans antécédents familiaux développés (ou si peu !), sans qu’ils nous soient présentés (s’ils l’ont été après la page 79, j’ai raté l’étape). La survenue de Victoire m’a stoppée net et j’ai jeté l'éponge. Victoire, c’est peut-être la moins cool à mes yeux avec sa phobie-détestation des dauphins et son envie irrépressible d’assister à un massacre de ces gros poissons visqueux. Même si  ce n’est pourtant peut-être pas la pire car la galerie de portraits vaut son pesant de malveillance.

L'écriture, peut-être, pour me faire rester ? Diable non ! Une succession de mots gros, d'incongruités lubriques, des expressions  qui nous font, c’est vrai, parfois exploser de rire car l’humour flirte avec la jubilation. Mais trop, c’est trop. Pas bégueule pour deux sous, peu regardante sur la noirceur, appréciant les sentiers littéraires non battus, et même une écriture gaillarde (par moments de préférence).
Mais j’ai besoin d’empathie, un minimum d’empathie et là, avec les six personnages (sur quatorze) qui m’ont été présentés, je ne l’ai pas ressentie, cette empathie qui nous prend normalement à la gorge et nous tient la main.

Ah oui, et l’histoire, alors ? Parlons-en de l’histoire. Elle se déroule dans un lieu idéal pour des rencontres courtes hasardeuses, motivées sur l'autoroute par les trois mêmes pauses : pipi-essence-café : une station-service des Ardennes belges. Il est 23h12 et l’on devine qu’il va y faire très, très chaud ! Point.
Du moins jusqu’à la page 79.
Car je n’ai pas dépassé cette page et, partant, pas pu tester la fameuse page 99 qui paraît-il décide à la place du lecteur s’il va terminer le livre. Ni assister au dénouement “collectif”. Tant mieux (ou tant pis ?) pour moi. J'ai trouvé ce que j'en ai lu trop scabreux et sans plaisir.

Adeline Dieudonne
Adeline Dieudonné.

J’aime bien Adeline Dieudonné, son dynamisme pétaradant, sa langue spontanée, que l'on devine an arrière-texte, sa considération de la gent animale... sa maison d’édition L’Iconoclaste, qui publie peu mais bon, et je continuerai de la lire. Notamment le prochain, Reste, qui va sortir en avril, ça tombe bien.  

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