Alice Zeniter est née en 1986 à Clamart, d’un père algérien et d’une mère française. Après des études supérieures littéraires et un master d’études théâtrales, elle les laisse tomber en 2013 pour se consacrer à la mise en scène et à l’écriture. Dès son deuxième roman, Jusque dans nos bras (Albin Michel, 2010), elle connaît le succès et tous les romans qui suivront recevront des prix littéraires. Le quatrième et avant-dernier, L’art de perdre (co-édition Flammarion/Albin Michel) remporte le Prix Goncourt des Lycéens.
Après avoir brillamment réussi « L’Art de perdre », une histoire de harkis qui a remporté un succès d’estime l’an dernier, Alice Zeniter excelle dans la description du travail politique parlementaire et des arcanes d’Internet, « le monde du dedans », royaume des codeurs.
Malgré un début un peu lent et laborieux, on se fait happer par le récit passionnant du monde des pirates d’Internet et des fabuleuses possibilités de circulation dans les méandres de la Toile, parfois dangereuses, surtout pour les femmes depuis la vulgarisation de logiciels espions facilement accessibles aux maris et compagnons jaloux.
La politique n’est pas épargnée avec le désabusement des militants d’un parti qui a fait l’expérience du pouvoir et ne peut plus se contenter de contester…
Enfin, le questionnement des « jeunes » quant à leur engagement dans la société et l’énorme différence de leurs relations aujourd’hui, le gouffre qui existe toujours entre Paris et la province, la vie en communauté pour essayer d’inventer d’autres rapports sociaux, la place du Net dans la vie quotidienne, la cybercriminalité, la peur, le réchauffement climatique…
Un travail remarquable d’écriture pour un roman impressionnant d’analyse sociologique du quotidien de ce début de XXIe siècle. Je vous le recommande vivement.