Si la littérature devient passion, c’est bien que tout est dans les livres !

Le cœur de l'Angleterre, de Jonathan Coe

Sorti en août 2019 chez Gallimard, Collection Du monde entier. Roman. 560 pages. Traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Josée Kamoun. Titre original : Middle England.


L’auteur, Jonathan Coe est né en 1961 à Birmingham. Il est considéré comme un auteur majeur de la littérature britannique contemporaine.

J’ai déjà lu (et adoré) La pluie, avant qu’elle tombe et La vie très privée de Mr Sim (sujet très original sur la solitude extrême d’un VRP). Par contre je n’avais pas lu Bienvenue au club, ni Cercle fermé qui précédaient celui-ci dans cette fresque sociétale gigantesque où évoluent déjà les personnages de la famille Trotter.
Mais rassurez-vous, la seule raison de ne pas lire ce livre serait d’être hermétique au monde anglais et à son humour !

L’écriture se veut au service des événements, donc assez sobre, voire journalistique à certains moments (relatifs à la politique). Quelques passages laissent cependant place au lyrisme, par exemple lorsque Sophie (fille de Lois) est en stage professionnel du côté de Marseille ou encore lorsque Benjamin et Lois dispersent ensemble les cendres de leurs parents :
« Une bouffée de vent s’empara des cendres et les emporta vers le ciel où, sous les yeux de Lois et Benjamin, elles dansèrent, virevoltèrent et se mêlèrent en une spirale floue puis furent cueillies par la bouffée suivante, séparées, disséminées dans toutes les directions, avant de se poser sur les ajoncs, la bruyère, l’herbe haute, le sentier… (page 412).

Pour ce qui est de l’intrigue, elle comporte de nombreux personnages. Ils sont soit de la même famille (avec des liens très serrés comme ceux de Benjamin et de sa sœur Lois ou très distendus comme Douglas et sa fille Coriandre), soit en relation professionnelle ou politique.
Ils appartiennent pour la plupart à une couche sociale aisée, voire très aisée (certains habitent à Chelsea). Une exception cependant avec Charlie, le clown triste (un ami d’enfance de Benjamin) qui se ravitaille dans une banque alimentaire et dort dans sa voiture.
Of course, afin que l’échantillon de population soit vraiment représentatif nous avons plusieurs personnages issus d’immigration, des homosexuels et une trans. Ajoutez à tout cela une pléiade de figures politiques en toile de fond.

Les événements se multiplient et nous retrouvons au fil des pages tout ce joli monde dans des situations aussi diverses que variées, notamment : dans une jardinerie (ah ! le rôle du cabanon de jardin dans un couple anglais !) ; lors de la cérémonie d’ouverture des JO de Londres, tous subjugués, tellement patriotiques devant leur poste de TV ; une incursion dans leur « politiquement correct » très instructive !
Le sujet primordial étant bien entendu ce satané Brexit ! Ce qui les a conduits à ce vote… Et l’après Brexit, période effrayante, de grande insécurité qui fracture totalement le pays. Nous Français avons peut-être oublié l’assassinat de cette jeune députée dans la rue… Jo Cox (lors de « l’avant ») ;

A noter également que l’illustration de la couverture est parfaite : dans la représentation de la division, et donnant une touche d’humour présente dans l’écriture de Jonathan Coe.

Ce livre n’est peut-être pas un énorme coup de cœur mais j’y ai passé de très bons moments de lecture. Notamment avec Benjamin, cet écrivain solitaire et pourtant généreux… qui donne la pleine mesure de sa grandeur d’âme dans cette fin très optimiste.

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