Si la littérature devient passion, c’est bien que tout est dans les livres !

LE PENELOPEGATE

FANTOMETTE ET MONSIEUR PROPRE SALIS...
LA CLASSE POLITIQUE (ELLE L'ETAIT DEJA) ET LA FRANCE AUSSI… MERCI POUR ELLE

L'article est bien écrit et bien documenté. Il pourrait même être drôle s'il s'agissait d'une fable : L'homme qui voulait redresser la France ou La primaire des fripons, d'un concours : celui qui gagnera le plus d'euros sur le dos des Français, celui qui fera passer Cahuzac pour un modèle de vertu et un tout petit menteur, ou celui qui peut faire croire aux Français qu'il vit sur la même planète qu'eux. Inutile de vous inscrire, François Fillon vient de tous les gagner !
Mais ça se passe aujourd'hui en France. Et le monsieur a gagné haut la main la primaire de la droite et du centre. Pis, nous sommes début février, dans trois mois presque jour pour jour auront lieu les élections présidentielles françaises. En face de François Filou : le Front National, un jeune homme qui se dit ni de droite ni de gauche mais que moi je dirais de droite quand même et une gauche cabossée, éparpillée et démotivante.
Alors non, il n'y a pas de quoi rire. Ou alors, jaune et en catimini ! Voici l'article :

 

ENSABLÉ SUR SARTHE

C’est comme une grosse tache de rillettes de la Sarthe sur sa veste matelassée et sur l’image de probité candide et de lin blanc dont se targuait volontiers jusque-là François Fillon. Un parangon de « transparence » qui, dans chacune de ses péroraisons, ne manque jamais de donner des leçons à ses adversaires comme aux gens de son propre camp, et se fait prendre pour avoir, dans leur dos et le nôtre, fait tout le contraire, ça éclabousse forcément !
Et c’est, bien sûr, pour cela que le « Penelopegate » fait tant de bruit et de fracas. Et pour la même raison aussi qu’en une semaine à peine le vainqueur haut la main de la primaire de la droite et du centre est passé, avec son épouse, de l’autoroute pour l’Elysée au bureau d’un juge du parquet national financier et à une perquisition dans son bureau à l’assemblée.
Faites ce que je dis, pas ce que je fais… La chanson ne date pas d’hier. On ne comptait plus les pompier pyromanes, les flics voyous, les ministres traqueurs de comptes en Suisse qui en avait plusieurs ou les arroseurs arrosés, peut-être faudra-t-il désormais ajouter à la liste les Fillon Fillonés. Même ses « amis » et soutiens les plus proches en sont « tombés de l’armoire », tant ils ne s’attendaient pas un instant à voir leur grand homme s’engluer les mocassins à glands dans cette fâcheuse affaire.
Du coup, dans son propre parti, certains, plutôt que de chercher des arguments plausibles, s’interrogent déjà sur des plans B. Ils sont d’autant plus enclins à le faire que la calamiteuse défense de leur champion n’a pas fini de faire rigoler, à ses dépens comme aux leurs.
A commencer par ses accusations de « misogynie » quand « Le Canard », avant de raconter, cette semaine, la suite de cette saga de plus en plus familiale, a sorti l’affaire. Où est la misogynie dont il nous taxe ? Dans le fait de dire les sérieux doutes qui pèsent sur la réalité des emplois publics et privés de Penelope Fillon ? Ou dans l’attitude de son mari et employeur, qui utilise son épouse « dévouée » pour profiter du système dont il prétend se distinguer ? Et la cantonne dans son rôle « effacé » en parlant toujours à sa place ? Les seuls qui ont pu l’entendre sont les juges du parquet national financier.
Même chose pour les « boules puantes ». Qu’est-ce qui pue ? La révélation des faits ou les faits eux-mêmes ? Surtout qu’en d’autres temps, pas très éloignés, le dénonceur de « boules puantes » s’est accessoirement fait pincer en train d’inciter un adversaire à l’aider à en lancer lui-même contre un concurrent de son propre camp. Sarkozy, pour ne pas le nommer.
Et ces « officines » qui, toujours à entendre l’époux de Penelope Fillon, seraient derrière tout cela et avec lui chercheraient à « abattre en vol » une « haute idée de la France » ? Quelles officines ? Elles doivent être aussi cachées que la mystérieuse F2-Conseil, une société créée en 2012 par un certain Fillon François. L’intéressé, comme « Le Canard » l’avait révélé en novembre, jouait déjà à son avantage avec les règlements de l’Assemblée.
Là encore, là aussi, le « transparent » opaque qui n’a « peur de rien », fait le contraire de ce qu’il dit ou vice versa.
Tout est à l’avenant dans cette défense qui, malgré les éléments de langage préfabriqué à tout va par sa communicante et son avocat : du « tribunal médiatique » au « télétravail » et du « travail à domicile » au « travail difficilement quantifiable », ne fonctionne évidemment pas.
L’homme qui accuse « Le Canard » de vouloir avec Penelope et maintenant les enfants, les « jeter aux loups » (Mitterrand, c’était les chiens) va devoir trouver mieux. « J’irai avec vous chercher les cœurs vaillants », a-t-il lancé aux militants. Pour l’immédiat, il va surtout devoir, dans la Sarthe ou ailleurs, chercher des témoins valables.
Faute de quoi la justice, qui enquête pour détournement de fonds publics et abus de biens sociaux, risque de le renvoyer à une autre de ses péremptoires déclarations : « Un délit, une sanction ! » Il sait, bien sûr, qu’une mise en examen avant la présidentielle risque peu de tomber. Et il en joue, répétant que c’est la seule chose qui pourrait le conduire à « se retirer ».
Le problème est que, s’il ne convainc pas rapidement dans cette affaire qui continue de faire tache, ce sont ses électeurs qui risquent de se retirer à sa place.
Erik Emptaz (Le Canard Enchaîné, 1er février 2017)

 

Commentaire(s):

  1. Je n'aurai pas l'inconscience, voire la bêtise, de m'insurger contre le fait que les lectrices et lecteurs assidus s'intéressent aussi à la politique... humains nous sommes, et il est normal, raisonnable, indispensable même que nous nous sentions concernés par les affaires de la chose publique. Surtout quand l'argent des contribuables est mis à mal, argent que la plupart d'entre nous n'ont vraiment pas en trop.
    Mais tout de même... permettez-moi de m'étonner de lire ici un billet, repris du Canard, au sujet de "l'affaire" du moment et qui risque, il est vrai, d'avoir une incidence considérable sur les résultats des élections présidentielles prochaines.
    Suis-je trop critique ? pour moi, un site dédié à la lecture, aux découvertes de centaines d'ouvrages, devrait être comme un havre de paix, une oasis, un lieu où l'on pense à autre chose qu'aux turpitudes de nos politiques. On nous ressasse tellement les tenants et les aboutissants, connus et encore inconnus de cette affaire qu'il n'était peut-être pas nécessaire d'en rajouter ici ?
    Je profite de ce post pour dire qu'à part cette réserve, je suis toujours heureuse de parcourir les différentes pages du site, de me régaler de certains commentaires sur des ouvrages que je n'ai pas lu, ce qui me laisse toujours frustrée, n'ayant pas encore accepté de ne pouvoir lire tout ce qui s'écrit dans le monde... utopie bien sûr, mais quand on aime lire.....

    1. Bonjour Cosima, merci pour vos commentaires toujours justes et très argumentés.
      En ce qui concerne l’affaire Fillon, vous avez raison sur le fait que l’article n’est pas placé dans la bonne rubrique et n’a rien à faire dans les Billets. Je l’y ai mis sous le coup de l’indignation, sans réfléchir, tout en sachant qu’il a sa place dans la rubrique Revue de presse prévue à cet effet. Je viens de l’y remettre. Cette rubrique est dédiée aux articles de presse qui m’ont fait réagir, pas forcément politiques, même si nous vivons aujourd’hui dans un monde où une affaire en chasse une autre. Celle-ci est particulièrement troublante et décevante à tous points de vue et il me parait difficile de ne pas réagir. Quand on voit le classement de la France dans le top 30 des pays les plus corrompus et ce que font les politiques porteur d'une image de « Monsieur Propre ».… cela déçoit fortement, forcément. La rubrique Billets est plus générale et me donne l'occasion de mettre mon grain de sel sur des sujets plus légers, plus récréatifs, ces deux rubriques ne représentant à elles deux qu'une infime partie de Bouquivore. Faute de temps principalement.
      Par ailleurs, la frontière est de plus en plus mince entre les différents domaines d’écriture. Les écrivains sont le plus souvent « multicasquettes » et il est de plus en plus fréquent de lire des romans, des essais, des thrillers, des BD écrits par des journalistes ou des scénaristes. Tout ce petit monde se mélange, pour notre plus grand bonheur de lecteur. Le romanesque croise l’histoire, la politique, l’investigation, la philosophie. Et les auteurs, surtout ceux qui situent leur histoire dans un cadre contemporain, ne se contentent pas d'être des témoins passifs de leur temps, ils sont de plus en plus souvent engagés.
      Quoiqu'il en soit, on revient toujours aux mêmes conclusions : la lecture est le meilleur moyen de s'ouvrir au monde et de le comprendre, En tout cas d'essayer.
      Et comme on dit : « Journaliste un jour journaliste toujours… ». Enfin, comme vous bien sûr j'enrage de ne pas pouvoir lire -au moins- tout ce que je voudrais lire.

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