SI LA LITTÉRATURE DEVIENT PASSION, C’EST BIEN QUE TOUT EST DANS LES LIVRES !

La brûlure ⇜ Christophe Bataille - Christophe Bataille photo France TV - BouQuivore.fr
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Christophe Bataille est né à Versailles en 1971. Après des hautes études commerciales et un travail dans ce domaine, il change complètement de métier en entrant dans le monde de l’édition chez Grasset. Voilà un homme qui ne s’arrête jamais : la nuit, quand d’autres se reposent il écrit. Dès son premier livre, Annam, salué par la critique, il remporte trois prix (dont celui du premier roman). Apparemment ses livres sont toujours brefs et inspirés de faits réels peu ou pas connus… Il les tire de l’oubli et les magnifie !
La brûlure ne fait pas exception à la règle. Ce roman paru en 2021, actuellement en poche, comporte 251 pages… mais quelles pages !

Le sujet, les personnages : Un couple encore fou d’amour après vingt ans s’aime dans une maison située dans le centre de la France, ouverte sur la Nature. L’été a été torride, l’automne d’une douceur extrême, neigera-t-il encore un jour en hiver ? Voilà, le cadre et l’époque sont posés, sur fond de réchauffement climatique qui ne dit pas son nom. Le drame peut avoir lieu. Lui est élagueur, un grimpeur d’arbre comme il dit. L’Arbre, encore un personnage.
On ne sait pas grand-chose d’elle dont il aime tout, jusqu’à son désordre. Elle est importante… Elle le retient à la vie.

La forme : Dans la première partie, Lui parle à la première personne dans le langage poétique de l’auteur… Après l’accident, c’est sa compagne qui prend le relais. Tout ceci dans une succession de textes très courts.
Dans la dernière partie, dans un langage beaucoup plus simple : c’est le grimpeur d’arbre que l’on retrouve avec ses mots à lui … dans son journal vraisemblablement.

Le style : de la pure poésie. Si vous n’aimez que les gros pavés et n’appréciez pas la poésie, passez votre chemin. L’auteur navigue avec virtuosité au confluent de la poésie et de la concision. Il met le cap sur l’essentiel avec les mots justes.
La nature et l’amour sont sublimés par une écriture étincelante.

Plus qu’un coup de cœur, il s’agit pour moi d’un coup de foudre, et je ne dis pas cela à cause du sujet brûlant s’il en fût. 

La preuve : on peut ouvrir le livre à n’importe quelle page et piocher pour trouver des passages à recopier.

« J’écoutais avec toi les champs de tiges et les pétales du vent. Ainsi l’évènement a des courbes et un son, comme si le temps était venu d’observer une seule image. »

« Je ferme les yeux et j’écoute la nature avec son front tragique où palpitent les oiseaux, et la nature qui fane sous le soleil. »

L’homme approche de la cime, il se retourne et regarde :
« La lumière miroite sur ma main. Je me retourne. Au loin, la ville dans ses murs, l’usine de papier sous la tôle. Je crois suivre la rivière, la petite route de la maison. Mais tu n’es pas à moto. Je peux plonger vers toi par la fenêtre ouverte. Tu somnoles dans l’aube. Est-ce que tu le regardes, ton homme dressé haut dans le monde ? ».

Voilà un livre qui va rester à mon chevet pour être relu et relu. Un livre que je vais faire connaître à mes amis (et à vous lecteurs anonymes du blog), comme la Serial lectrice me l’a fait connaître. Et un auteur dont je vais, avide, me procurer les autres livres.

Une réponse

  1. Merci Swallow Bird d’avoir chroniqué ce roman mieux que je n’aurais su le faire car il est pour moi de ces livres difficiles à évoquer tant leur plume nous transcende. Même avec le recul que je m’impose après une lecture si intense, je n’ai su comment aborder un tel brûlot (sans vouloir faire un vilain jeu de mots).
    J’ajouterai quand même que cette brûlure est sans doute aussi celle des températures de plus en plus chaudes qui concernent aujourd’hui la terre tout entière y compris les glaciers même s’ils se “contentent” de fondre, et surtout celles des arbres qui meurent dans les flammes humaines quand l’élagueur a failli mourir de milliers d’insectes “cocoonés” dans un arbre. Je lirai moi aussi d’autres romans de ce poète-romancier.

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