Si la littérature devient passion, c’est bien que tout est dans les livres !

Te rendre heureuse ⇜ Christophe Tison

Paru fin 2012 chez L’Arpenteur.

Acheté parce que passé chez François Busnel. L’auteur est reporter de presse et de télévision (Canal+). Sa propre vie, dès l’enfance, a été dure et chaotique et même s’il affirme que ce livre est «pure fiction», son personnage (prénommé… Christophe) lui doit beaucoup : addictions, doubles vies, mœurs dissolues, frasques nocturnes, rédemption… ce fut tout lui.

Le sujet. Comment récupérer un sms envoyé par mégarde à la mauvaise personne. Soit à sa femme au lieu de sa maîtresse (bien sûr !). Ou comment remonter le temps. Ou comment contrer l’imparabilité numérique. C’est tout, ou presque, l’enjeu du personnage et du livre. Et cela dans un délai immuable de treize jours correspondant à l’absence de sa femme, partie au bout du monde sans son téléphone portable.

Aucune compassion pour ce personnage antipathique empêtré dans ses histoires de fesses et ses difficultés financières. Un homme qui aime profondément sa femme (irréprochable, elle) mais la trompe avec celle de son patron quand elle a le dos tourné avant d’enchaîner les conquêtes féminines... ça n’inspire ni le respect ni la sympathie, surtout chez une femme. Il a beau essayer de se justifier à nos yeux avec des excuses «bidon» (force des pulsions sexuelles, addictions, rang social, injustice), il a beau se morigéner et se poser des questions métaphysiques sur le pourquoi du comment du bonheur et de la fidélité, en vain, ça ne passe pas. Et son devenir nous importe peu, on a tendance à penser qu’il a bien cherché (et mérité) ce qui lui arrive ! Les autres personnages sont aussi peu fouillés et, du coup, on ne comprend pas bien leurs motivations.

Quant à l’intrigue, malgré un début prometteur, elle n’est pas non plus prenante avec des retours en arrière pas vraiment utiles, des détails délivrés au compte-gouttes qui font que l’on ne comprend pas tout, on passe d’un pays à un autre sans explication ou presque (la fin, notamment, m’a parue totalement improbable). Bref, le récit semble décousu.

Il y a cependant quelques considérations très justes sur la manière de consommer tout et vite (y compris les femmes) et de laisser le désir mener sa vie : donner libre cours aux plaisirs matériels, satisfaire ses pulsions sexuelles, n’écouter que son corps, c’est une course qui ne mène pas forcément au bonheur, pourtant but ultime de chacun. C’est peut-être même le meilleur moyen de passer à côté. Mais ces considérations ne dépassent pas le stade de la constatation. Et si beaucoup de questions (justes) sont posées, aucun semblant de réponse n’est apporté, et c’est bien ce qui est gênant vu le nombre de sujets évoqués.

Pour la forme, relevé page 251 : «Il y a dans la vie quelque chose qui échappe et réduit les rêves d’autrefois. On rit, on danse, on s’installe et puis un jour on range son dernier CD que l’on écoutait avec passion et plus jamais on en achète un autre. Ça se fait comme ça, un jour ordinaire, sans intention particulière. A la place on écoute la météo pour savoir comment s’habiller et on se réveille des années plus tard sans savoir pourquoi on s’est laissé enfermer là». Là, je souscris.

Côté style, par contre, c’est plutôt bien écrit avec, parfois, quelques touches d’humour qui sont les bienvenues. Le ton est enlevé, le vocabulaire bien placé, on sent que l’auteur est journaliste.

En définitive je n’ai pas accroché même si je sens bien que d’autres le considèrent comme un bon livre et c’est tant mieux pour son auteur. Le sujet, s’il m’a tout d’abord attirée par son originalité, ne m’a pas convaincue au long cours et le style ne m’a pas emballée plus que ça non plus. Voilà un livre que je ne relirai pas. Je me suis même hâtée de tourner les pages, impatiente de le finir… pour le ranger plus vite. Ce sont des choses qui arrivent.

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