Si la littérature devient passion, c’est bien que tout est dans les livres !

Lorsque le dernier arbre ⇜ Michael Christie

LES PREMIERES LIGNES : 2038, la Cathédrale arboricole de Greenwood. « Ils viennent pour les arbres. Pour respirer leurs aiguilles. Caresser leur écorce. Se régénérer à l’ombre vertigineuse de leur majesté. Se recueillir dans le sanctuaire de leur feuillage et prier leurs âmes millénaires. Depuis les villes asphyxiées de poussière aux quatre coins du globe, ils s’aventurent jusqu’à ce complexe arboricole de luxe – une île boisée du Pacifique, au large de la Colombie-Britannique – pour être transformés, réparés, reconnectés...
EN DEUX MOTS : Il y a de l’Alexandre Dumas dans cet écrivain canadien. Il y a des enfants trouvés, il y a des frères ennemis, des trahisons, il y a des fuites éperdues… Et il y a de l'amour avec un grand A !
Sorti en août 2021 chez Albin Michel Collection Terres d’Amérique. Monument littéraire. Traduit de l’anglais (Canada) par Sara Gurcel (Titre original : Greewood). Roman. 608 pages.
Portrait Michael Christie

Michael Christie est un jeune écrivain de Vancouver.

Déjà remarqué en 2012 avec son premier recueil de nouvelles : Le jardin du mendiant, le voici en 2021, pour la version française, avec son roman Lorsque le dernier arbre finaliste du Giller Prize et récompensé par le Arthur Ellis Award for Best Novel.

Pas adepte des pavés, trop lourds pour mes poignets, trop ardus pour mes yeux, trop étouffants pour mon mental, trop chargés de messages voulant convertir à tout prix… j’ai tellement été séduite par la fluidité de l’écriture et de l’histoire, par les personnages, par le romanesque que j’avançais sans m’en rendre compte. Des chapitres assez courts qui se terminent de façon à nous pousser à aller plus loin encore et encore…comme dans une forêt, d’un chemin à l’autre, toujours plus loin.

La construction du livre s’inspire de la coupe d’un arbre né en 1908 pour nous conduire en 2038… pas si loin de nous. De nombreux allers-retours entre passé et futur ne m’ont pas déstabilisée du tout (sinon, en cas de gêne) il y a toujours la solution de lire ce roman dans l’ordre chronologique).

Les arbres sont omniprésents dans l’histoire. L’auteur en a une connaissance approfondie qui lui permet de les aborder aussi bien dans le domaine scientifique que dans celui de la poésie.

L’écologie, elle, est surtout abordée au début et à la fin du livre c’est-à-dire entre les années 1974 et 2038. Ce n’est pas dans cette période que j’ai rencontré mes personnages préférés. Ceci dit il y a des arbres abattus tout au long de ces 586 pages, qui finissent en traverses de chemin de fer, en meubles, en bois de chauffage. Les magnifiques érables qui fournissent aux humains ce succulent sirop. Des abus qui conduisent au risque du dernier arbre !

Dans l’île boisée de Greenwood, cette réserve en quelque sorte, la futaie est assimilée à une cathédrale… mais déjà Baudelaire avait fait cette comparaison. Ceux qui s’y rendent sont des Pèlerins.

« Mais pourquoi attendons-nous de nos enfants qu’ils mettent un terme à la déforestation et à l’extinction des espèces, qu’ils sauvent la planète demain, quand c’est nous qui aujourd’hui en orchestrons la destruction ? se demande-t-elle incidemment en empilant les cartons dans le van. Il y a un proverbe chinois qu’elle a toujours aimé : ‘’Le meilleur moment pour planter un arbre, c’était il y a vingt ans. A défaut de quoi c’est maintenant’’. »

Il y a de l’Alexandre Dumas dans cet écrivain canadien ; d’ailleurs un de mes personnages préférés cite Le comte de Monte-Christo. Il y a des enfants trouvés, aucun enfant désiré si je me souviens bien, il y a des frères ennemis, des trahisons, il y a des fuites éperdues… dans des wagons de marchandises qui traversent ces immenses paysages, des personnages qui finissent par connaitre la paix et d’autres jamais. Il y a des ouragans qui soulèvent les livres d’une bibliothèque jusqu’au ciel …

« Parfois elle imagine que le cyclone assemble un nouveau livre là-haut, dans le ciel, ne serait-ce que pour un bref instant des pages de Dickens, Austen, Dante, Eliot et Tolstoï se mélangeant librement pour former la plus grande œuvre littéraire du monde.»

Il y a de l’amour… Les plus singulières déclarations :

« Quelle chance j’ai, dit Temple avec un sourire malicieux, tu es l’analphabète des bois que j’attends depuis toujours.
Alors j’imagine que tu es la vieille fille prisonnière de sa ferme qui hante tous mes rêves ».

Pour exprimer l’immense souffrance d’un autre personnage dont la bien-aimée a refusé un inestimable cadeau, il roule toute la nuit avec le présent accroché derrière la voiture jusqu’à sa totale destruction !

Ce livre est un immense coup de cœur. Il faut le lire absolument et le faire connaitre autour de nous car il touche absolument tous les lecteurs. Si j’étais libraire, je le mettrais bien en évidence et le recommanderais à tous mes clients sans craindre de me tromper.

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